Dans l’enseignement supérieur, les frontières entre éducation, recherche et société deviennent plus poreuses. De nouveaux modèles éducatifs émergent, où étudiants et chercheurs construisent ensemble des savoirs directement liés aux enjeux contemporains. L’université devient un espace de transformation, d’innovation et de collaboration ouverte, en réponse à une société en attente d’engagement, de participation et de solutions concrètes.
Des tiers-lieux pour reconnecter université et société
Depuis quelques années, des tiers-lieux universitaires émergent en France et en Europe dans le but de renouveler les relations entre étudiants, chercheurs et société. À l’Université catholique de Toulouse, par exemple, ces espaces partagés favorisent la co-construction de projets à portée sociale, scientifique ou culturelle. Ils rassemblent une grande diversité d’acteurs : étudiants, enseignants, citoyens, artistes, collectivités ou encore associations. Ensemble, ils collaborent autour de problématiques concrètes dans un esprit d’expérimentation collective, créant ainsi des passerelles entre savoirs académiques et enjeux de société.
Loin des amphithéâtres classiques, ces lieux favorisent l’évolution des pratiques pédagogiques : ateliers d’innovation sociale, hackathons citoyens, science participative ou laboratoires vivants deviennent des leviers d’innovation. Il en résulte un écosystème éducatif plus fluide, où la recherche et l’éducation s’adaptent aux réalités locales. La transformation de l’enseignement supérieur ne passe plus uniquement par les réformes institutionnelles, mais par l’adoption d’approches collaboratives intégrant pleinement les dynamiques sociales.
Vers une co-production des savoirs entre étudiants et chercheurs
Dans cet écosystème éducatif en pleine mutation, le rôle des étudiants se redéfinit. On observe une montée en puissance des initiatives de recherche-action, dans lesquelles les jeunes chercheurs y compris au niveau licence ou master participent à la production de connaissances en lien avec des territoires et des problématiques de terrain. Ce mouvement s’inscrit dans une volonté croissante de co-construction des savoirs, souvent en partenariat avec des associations, des collectivités locales ou des ONG.
Ces formes de collaboration encouragent une transformation du rapport au savoir : les étudiants ne sont plus de simples destinataires de contenus, mais deviennent co-acteurs d’un projet intellectuel et social. Les projets de recherche universitaire traitent ainsi d’urbanisme collaboratif, de transition climatique ou de fracture numérique, en réponse à des enjeux portés par la société. Le lien entre étudiants et société se tisse à travers des expériences concrètes, souvent hors des formats académiques habituels.
En parallèle, on assiste à l’émergence d’une recherche plus engagée, parfois qualifiée de située ou de militante. Des mémoires ou thèses peuvent aujourd’hui être co-signés par des chercheurs et des habitants, témoignant d’une volonté partagée d’agir sur les réalités sociales. Cette approche modifie profondément les attentes vis-à-vis de l’université et de la recherche, en plaçant l’impact de la recherche universitaire au service de l’action collective.
